5 juin 2016

Jour 8 - Lake Powell - Antelope Canyon - Horseshoe bend - Bryce Canyon. Quand la nature choisit de vous surprendre.

Aujourd'hui va être sacrément chargé : on avait prévu de faire Horseshoe bend hier mais, vu qu'on s'est attardés à Monument Valley, on n'a pas eu le temps. Pour autant, pas question de manquer cet endroit incroyable alors qu'on est juste à côté ! On va donc essayer de le caser quand même, quitte à arriver un peu tard à Bryce Canyon, où on doit passer la nuit.



Réveil assez tôt donc, on prend la douche (payante), et puis on va vers Antelope Canyon, bien conscients qu'il faut réserver la visite à l'avance parce qu'il y a beaucoup beaucoup de monde - surtout à midi, LE moment où le rayon de soleil entre dans le canyon. En passant, on s'arrête sur la rive du lac Powell pour quelques photos.

Le mélange de turquoise et de roche rouge est magnifique.
Et puis, on est repartis !
Il faut savoir qu'il y a deux Antelope Canyon : le "upper" et le "lower". Le lower est un peu moins touristique car pas exposé au fameux rayon de soleil, mais permet une grande balade sans les hordes de touristes autour et est tout aussi spectaculaire. En fait, les locaux le conseillent. Malheureusement pour moi, il y a beaucoup de marches d'escalier pour y descendre et la balade n'est pas sur un sol stable ; il est donc exclu qu'on y aille. Nous avons donc choisi le "upper" qui, lui, est plus accessible à béquilles (attention toutefois, le sol est sableux, et je ne pense pas qu'un fauteuil roulant puisse passer partout). 
Bref : arrivés vers 10h30, nous réservons (sur le lieu du départ) les dernières places pour la visite de 13h. On aurait préféré celle de midi bien sûr, mais tant pis !
On va donc se chercher de quoi manger dans un Wallmart en attendant le départ. A ce stade, on en a tellement marre des hamburgers et des salades bourrées de sauces sucrées et de trucs étranges qu'on rêve à du riz nature... Ce qui, bien sûr, est introuvable quand on n'a rien pour cuisiner. On trouve des chips et de quoi nous faire des sandwich de fortune, qu'on mange dans la voiture avant de partir.
On revient au départ d'Antelope Canyon vers 12h30, comme demandé. On attend sous une chaleur écrasante que nos guides nous appellent et nous parquent à l'arrière de 4x4 qui nous mèneront à l'entrée du canyon. Vu leur accent, on n'entend pas notre nom et, à la fin, on doit papoter un peu avec eux pour être casés quand même dans un des 4x4... Au final, je ne regretterai pas ce quiproquo car notre guide était génial (alors qu'on a entendu les autres, et on était nettement moins convaincus !).
Voyant que je suis à béquilles, on me propose de me placer à l'avant, à côté du guide, pour éviter les cahots de la route. J'accepte avec plaisir pendant que Mehmet va à l'arrière.



Cela me permet de discuter un peu avec Mike pendant le trajet, et d'apprendre qu'il est guide depuis 2 ans, qu'il vivait avant à Phoenix, qu'il est venu donner un coup de main à un cousin et que finalement, il a adoré ce job et a choisi de le faire à temps plein. 
J'apprendrai après que Mehmet, pendant ce temps, se couvre les yeux et la bouche comme il peut pour éviter la poussière de sable qui vole à l'arrière du 4x4. Mike fait de son mieux pour ne pas rester dans le sillage des autres véhicules pour épargner ses passagers. (Bref : asthmatiques, soyez prévenus !)

Enfin, on arrive devant une falaise dans laquelle on aperçoit une petite fente. En s'approchant, on découvre que la fente est assez large pour laisser passer quelques personnes... C'est là !

Juste devant l'entrée, on attend que ce soit le tour de notre groupe.

On découvre tout de suite que le ballet des visites est bien rôdé : chaque groupe a un temps précis pour voir chaque détour du canyon, et pas question de s'attarder ou de devancer. Cela dit, c'est fait, du moins de notre expérience, avec une grande discrétion et une délicatesse à laquelle je ne m'attendais pas, si bien que je n'ai pas été gênée (ce qui était ma crainte), ni par le monde ni par mes béquilles qui sont particulièrement pénibles dans la foule. Même si j'aurais parfois aimé rester plus longtemps, je n'ai pas été trop frustrée et je suis bien contente d'avoir tenté l'expérience.

La visite est tout simplement incroyable. A chaque détour, une nouvelle forme étrange, un nouvel étonnement. La palette de couleurs, selon la lumière qui entre dans le canyon, contient tellement de nuances qu'on a l'impression de passer entre les mondes. Le guide nous explique comment les prendre en photo pour les mettre en valeur, et connaît tous les réglages et les meilleurs endroits pour nous placer. Ca paye : je n'ai retravaillé aucune des photos prises pendant la visite !
On a raté le fameux rayon de midi, mais n'écoutez pas les commentaires qui disent que ça ne vaut pas la peine de visiter sans ça : ça reste un émerveillement des sens à chaque instant. C'est bien simple : j'ai piétiné pendant 2h, et je n'ai commencé à sentir la douleur qu'à la fin, en ressortant...
Mais les photos parleront mieux que moi. Par ici la visite !

On lève la tête, et on découvre un lever de soleil sur Monument Valley... ;)

Une de mes préférées : j'y vois le baiser immuable de deux mondes. 
Un exemple de couleurs insolites...


Un gros nounours figé dans la roche !

Bon... Le guide a triché : il a mis le sable en haut et éclairé pour la photo. Mais c'est joli ! :)

L'océan au coucher du soleil...

On a peine à imaginer que le vent ait pu sculpter si finement la roche.

J'en ai des dizaines d'autres comme ça, que je ne me lasse pas de regarder. J'ai même joué les anges !

O.K., je me la pète un peu. A ma décharge, je ne savais pas ce que le guide avait en tête quand il m'a dit de poser ^^

C'est donc tout émerveillés qu'on termine la visite d'un de mes énormes coups de coeur du voyage. Moi qui avais peur d'être déçue, j'en ai encore le coeur qui palpite des étoiles dans les yeux rien que d'y repenser ! Je me suis promis de revenir quand je pourrai marcher et de faire le Lower Antelope Canyon, pour prendre le temps d'observer ces merveilles de la nature sans être pressée par le monde.
Vivement !
Au retour, je discute encore un peu avec notre guide navajo, le complimente pour ses photos et le remercie pour la façon dont il nous a conduits là. J'en profite pour lui demander où est Horseshoe bend et s'il pense que je peux y aller à béquilles, et il me confirme que c'est à 10 min de là. Il y a un peu de marche (environ 25 min) en terrain sableux et pentu, mais il pense que c'est praticable. Ca me rassure pour la suite, que j'appréhende, car on m'a mise en garde plusieurs fois sur cette fameuse marche. On va aller voir sur pièces !

Note : la visite du Upper Antelope Canyon est assez chère (dans les 80 $ pour deux, de mémoire) et, la réserve étant en territoire navajo, le pass pour les parcs nationaux ne fonctionne pas. Ca dure environ 2h. Il y a beaucoup de touristes et on ne peut pas se promener à sa guise, pour que chacun puisse tout voir - un guide se charge, avec brio d'ailleurs, de "faire la circulation". Mais, personnellement, j'ai trouvé que ça valait franchement la peine !

C'est donc parti pour Horseshoe bend. En tout cas, on essaie, car notre GPS nous fait des blagues et nous dit qu'il est à plus de 40 min de route - dans le mauvais sens par rapport à notre itinéraire suivant, évidemment. Le guide m'ayant décrit la route, on choisit de suivre ses indications plutôt que le GPS. Celui-ci tient absolument à nous faire faire demi-tour et raconte un peu n'importe quoi (il veut nous faire passer par des chemins privés, ce genre de trucs). Merci le guide : on arrive à destination en 10 minutes, malgré l'entêtement du truc qui nous sert de GPS.
Et, donc, il est 15h, il fait une chaleur à crever et la balade est en plein cagnard, sinon c'est pas drôle. Tant pis pour la classe sur les photos : je dois jouer les warriors, alors je me déguise en warrior en enroulant un truc sur ma tête pour me couvrir. Puis, attelle au pied et béquilles en main, je m'engage sur le chemin, sous l'oeil ahuri des passants qui remontent, et luttent alors qu'ils sont en pleine forme. Bon, j'avoue, je fais la fière mais je n'en mène pas large, un peu effrayée. La descente est pire que la montée (difficile à contrôler avec les béquilles), le sol sableux m'aide un peu en amortissant mon poids.
Et finalement, je ne sais pas trop comment, un pas après l'autre pendant 25 min, j'arrive au bout. Ce sera ma plus grande victoire du voyage. 


Du coup, on l'immortalise !

Et purée, ça valait le coup de suer un peu. Non mais, vous avez vu ça ? 




Ici, le Colorado forme un fer à cheval au fond du Grand Canyon (d'où son nom), dans une sculpture aussi étonnante que magnifique, avec son explosion de couleurs vives. Au coucher du soleil, ce doit être splendide. Entre Antelope et Horseshoe, ce canyon est décidément plein de surprises, s'amusant à défier ce qu'on connaît pour créer des paysages hors normes. Autre coup de coeur du voyage, qui a une saveur particulière, car celui-ci, je l'ai gagné de haute lutte !


Le retour en montée est plus stable, mais aussi plus difficile pour mes muscles ; j'ai moins mal à la cheville mais les épaules et les poignets en prennent pour leur grade. Mehmet prend soin de m'hydrater régulièrement et m'encourage jusqu'en haut, me donnant l'énergie qui me manque pour continuer. 
Enfin, la voiture est là !!!
La clim et le siège sont plus que bienvenus. On prend une petite pause, mais on ne s'attarde pas car il est déjà 17h et on a plusieurs heures de route devant nous. 2, je crois, qui se transforment en 3h, car le GPS fait encore n'importe quoi et, en nous guidant grâce à la carte, on prend la mauvaise route au départ, qui nous fait faire une gros détour. Sauf qu'une fois qu'on est lancés, plus le choix : on doit poursuivre.
La route qui devait être droite et simple est en fait sinueuse, nous fait passer par la rive nord du Grand Canyon (beaucoup moins touristique car en pleines montagnes). La vue est assez monotone (des arbres ou des arbres, vous préférez quoi ?) et, vu la journée qu'on vient de vivre, on se serait bien passés de ce détour imprévu.
Enfin, notre GPS retrouve la raison au moment où on approche de Tropic, un village à l'entrée de Bryce Canyon où on a réservé une chambre. La route commence à devenir plus intéressante, et à ressembler sérieusement à ce que j'ai vu de Bryce Canyon sur Internet. Ce qui augure bien pour la journée du lendemain !


On avait prévu d'aller voir le coucher de soleil sur le parc mais, vu l'heure, on n'est même pas sûrs de pouvoir récupérer notre chambre, donc on renonce. La chambre est là, heureusement, avec la clé laissée sur la porte dans une enveloppe à notre nom. Elle est confortable, avec une pizzeria juste en face qui sauve nos estomacs affamés. On finit la journée en profitant du confort du motel, et on ne fait pas long feu. 

Note : On a logé au Bybee's Steppingstone Motel, qui possède peu de chambre mais de qualité. Il est assez cher (80 $ la nuit, petit déjeuner compris, notre plus grosse dépense logement du séjour), mais se situe à 10 min de l'entrée du parc et reste nettement plus abordable que les hôtels situés à l'intérieur. Les campings étant tous "premier arrivé, premier servi", on a préféré ne pas tenter le diable et réserver un motel, surtout après une journée où ma cheville avait souffert, et 3 nuits de camping d'affilée. Choix que je ne regrette pas.

A demain, Bryce Canyon !