2 mai 2016

Jour 6 - Grand Canyon - Monument Valley. Un incroyable jour d'orage.

Après une première nuit sous la tente, calme et agréable, on plie bagage et on avale une pomme en profitant de la fraîcheur matinale pour faire le point sur la journée à venir. Nous avons pas mal de route à faire (3 heures environ), et la visite de Monument Valley est prévue au coucher du soleil...
Mais j'ai quand même bien envie de retourner voir le Grand Canyon avant de partir. Dilemme dilemme.
Un coup d'oeil à l'itinéraire résout le problème : pour aller vers Monument Valley, on peut longer la rive sud du Grand Canyon en allant vers l'est (nous avions fait un petit bout vers l'ouest en marchant la veille), ce qui nous permet de rejoindre l'unique route qui s'enfonce dans les terres navajos, sur le plateau du Colorado. Youpi !
Après un dernier au revoir à la merveilleuse Kaibab Forest qui nous donne faim, on retourne à l'entrée du Grand Canyon, impatients de le revoir.

On roule donc tranquillement vers l'est, en s'arrêtant à divers points de vue qui nous offrent une autre vision du Grand Canyon... Mais, très vite, le ciel clair se remplit de nuages sombres, presque noirs. Le vent se lève ; il commence à faire frais, alors qu'on s'attendait à crever de chaud !
Mais on est contents quand même. ^^

Pas besoin d'être météorologue pour prédire la pluie : on la voit arriver de loin. De très loin.


Le spectacle est très différent de la veille ; le canyon est plus sombre, plus agité, avec ce vent qui secoue les arbres et la pluie qui brouille l'horizon. Les nuages noirs recouvrent progressivement une partie du gouffre, mais la lumière reste vive et ce contraste est saisissant. A mesure qu'on avance dans les points de vue, la pluie nous suit au loin, puis nous rattrape. On a plus que jamais l'impression d'être au bord du gouffre, minuscules face à cette nature imposante.

Et puis, à un moment, le tonnerre se met à gronder. On est côte à côte, on regarde l'horizon en silence pendant que les touristes essaient de s'abriter de la pluie qui approche. L'air devient électrique ; on a un peu la chair de poule, sans savoir si c'est le froid ou l'électricité statique qui est dans l'air.
Je me tourne vers Mehmet juste au moment où le tonnerre gronde de nouveau ; et, soudain, alors que nos bras sont à deux bons centimètres l'un de l'autre, un arc électrique se forme entre nous deux, bien visible. L'instant d'après, sa réplique, immense, majestueuse, déchire le ciel au-dessus du canyon. Le craquement résonne longtemps autour de nous, pendant que les autres touristes partent en criant. On sait qu'on doit aller s'abriter - l'orage n'est pas loin et on est sous les arbres -, mais on a du mal à s'arracher au spectacle. L'odeur de la pluie, le vent frais, l'orage au-dessus du canyon, nous donnent plus que jamais l'impression que la terre se déchaîne. Le spectacle est incroyable, à mille lieues du calme majestueux de la veille, et pourtant tout aussi saisissant. C'est à regret (et congelés) qu'on retourne à la voiture pour s'abriter et s'éloigner de l'orage.



On s'arrête quand même, sous la pluie, à quelques autres points de vue, quand l'orage s'éloigne de la rive où on se tient, pour profiter du spectacle incroyable des éclairs au-dessus du canyon. On a malheureusement échoué à les prendre en photo ou en vidéo, mais les images resteront gravées en nous pour toujours !
C'est sous une pluie battante qu'on arrive au dernier point de vue avant la sortie du parc : "Desert View". Comme c'est l'heure du déjeuner, on se réchauffe dans la boutique qu'on y trouve en mangeant des hot dogs (pas terrible par ailleurs), le nez collé à la vitre, à regarder les touristes qui courent sous la pluie. (Et les fesses de ceux qui s'abritent sous le auvent de notre fenêtre, pile à hauteur de nos yeux. ^^)
On attend que ça se calme un peu pour aller jusqu'à la tour qu'on a aperçue au bord du canyon, qui nous intrigue beaucoup. En bas, une boutique de souvenir (on craque pour deux livres avec des belles photos), dans laquelle on apprend que cette tour a été conçue par des agences de tourisme pour offrir un point de vue sur le canyon, mais respecte en tous points la culture navajo et a été décorée par des navajos. Un peu inquiète, je demande à la caissière combien de marches elle compte (80). Voyant mes béquilles et ma tête de trois pieds de long, elle me rassure en me disant qu'il y a quatre paliers et des bancs au milieu. "You can do it !" dit-elle, super gentiment.
Et elle a raison.

I can do it.

L'intérieur de la tour vaut le coup d'oeil, ne serait-ce que pour les peintures navajos présentes sur tous les murs, et pour toutes les petites fenêtres qui permettent d'admirer le canyon sous tous les angles.


On observe la pluie qui s'éloigne, laissant derrière elle un canyon aux couleurs plus vives, débarrassé du léger voile qui le recouvrait jusque-là. 


Je suis un peu fatiguée par la montée des marches, alors on prend notre temps, on mitraille. De là, à l'est, on aperçoit le plateau du Colorado, en territoire navajo - notre prochaine destination. 



Et puis le soleil revient, et le canyon nous offre encore un nouveau visage, presque féérique après ce qu'on vient de voir. J'ai du mal à m'arracher à sa contemplation, malgré deux jours passés sur sa rive. Je regrette de ne pas pouvoir y descendre (mais la rando est déjà difficile avec une santé de fer, alors c'est juste inconcevable). Un jour, je reviendrai.




Enfin, il est temps de partir : on a déjà beaucoup de retard sur le planning initial (mais aucun regret !), et notre prochain camping nous attend (sans compter que je commence à avoir sacrément mal à la cheville). J'avoue l'attendre aussi avec impatience, mais avant il y a un peu de route... Une looongue route toute droite sur laquelle on croise des trucs étranges.


Mehmet s'arrête à un beau point de vue, trop loin pour mes gambettes fatiguées. J'ai donc tout le loisir d'observer le panneau "Attention aux mygales, scorpions et serpents" à l'entrée du passage qu'il vient d'emprunter. De quoi me rassurer !

Mais apparemment, ça en valait la peine. :)

On rattrape la pluie, tellement forte par moments qu'on ne voit pas grand-chose. C'est tout droit, un peu monotone, mais le paysage change progressivement. De rocheuse, la terre devient sableuse, et prend une teinte rouge vif augmentée par la pluie.


La végétation se densifie. Au loin, des montagnes plates, très étranges pour nous, apparaissent. Du ciel bleu aussi, de manière assez brutale.



Le paysage commence sérieusement à ressembler à un décor de western quand on quitte la route principale pour s'enfoncer en territoire navajo, direction Monument Valley. La journée est déjà bien entamée, la lumière particulière.


L'orage est passé, mais il a laissé des traces. Le chemin de terre rouge qu'on doit emprunter est plein d'eau ocre, au point qu'on se demande si on va pouvoir passer. 

On aurait dû demander une voiture amphibie à la location !

Et puis, finalement, on arrive au camping. Un camping que j'étais plus qu'impatiente de découvrir, car il était censé nous offrir une vue imprenable sur la Monument Valley, mais j'avais un peu peur qu'il ait été survendu. Je craignais un peu aussi le fait qu'il soit "walk in" (pas de possibilité de garer la voiture près de l'emplacement, donc il faut porter la tente et tout le bazar).
Eh bien, c'est sans conteste le meilleur camping que j'aie jamais eu.

Sans rire. 

Les emplacements sont bien espacés ; le terrain en pente permet à chacune d'avoir une bonne vue, mais les emplacements sont bien droits, ce qui évite les glissades en pleine nuit. Le sable rouge rend le plantage de tente hyper facile, la voiture est à même pas 30 secondes de marche dans le sable, et puis... Ce paysage !!! 


Après avoir récupéré notre emplacement et planté la tente, on se prend un apéro sur un emplacement camping car vide pour profiter du coucher du soleil. On n'a pas le temps de faire la visite ce soir-là, alors on la remet au lendemain matin, sans regret vu la journée qu'on vient de passer.


Enfin, le soleil est couché et l'estomac gronde. N'ayant plus rien dans notre glacière (ou presque), on se dirige vers l'hôtel (de luxe) juste à côté du camping, où je sais qu'il y a un restaurant. On arrive juste à temps : il est 21h30 et nous sommes les derniers clients acceptés. (Je crois qu'à cette heure-ci ils n'accueillaient normalement que les clients de l'hôtel, mais soit ils n'ont pas compris qu'on venait du camping, soit ils ont été gentils.)
L'ambiance est très différente, on sent bien qu'on est entrés dans la réserve navajo : tout le personnel est amérindien, la déco et les panneaux mettent dans l'ambiance. C'est évidemment très touristique, mais pas désagréable, loin de là !
Un peu lassée de tous les fast foods et les burgers qu'on a mangés ces derniers jours, je choisis une salade et me fais une joie de manger léger.
Sauf que ma salade est en fait servie dans une énorme tacos, et ressemble plus à un chili con carne qu'à une salade... C'est mille fois trop copieux pour moi, mais c'est sacrément bon !

On avait dit léger, hein ?

On va se coucher juste après le repas, le ventre bien plein et le sourire aux lèvres. A demain !


Pause bon plan : le camping "The View", à Monument Valley, est excellent. Un peu en hauteur par rapport aux autres, il offre une vue magnifique et c'est le seul qu'on peut réserver à l'avance (pour les autres, c'est premier arrivé/premier servi, pas idéal quand on arrive en fin de journée et en pleine saison). Comme il appartient à l'hôtel, c'est aussi le seul avec des douches et des toilettes en dur, propres, bien entretenus et très confortables (fermés avec un code pour éviter que ça se salisse trop vite). 
20 $ la nuit, contre 250 $ la nuit d'hôtel, et la même vue à couper le souffle...
En revanche, les panneaux disent de faire attention aux scorpions, serpents et mygales dans les herbes hautes. J'ai donc évité de laisser la tente ouverte sans surveillance accrue !!! (Et pour ceux qui connaissent mon "amour" pour les araignées, vous serez étonnés de savoir que j'ai merveilleusement bien dormi malgré tout.)


















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